Portrait de Charles Darwin
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D'après Darwin et sa théorie du Darwinisme, les différentes espèces ayant existé depuis le premier ancêtre commun auraient acquis leurs différents caractères au cours du temps, par l’intermédiaire de mutations génétiques. Celles-ci auraient alors permis une sélection naturelle, soit la survie des espèces les mieux adaptées à leur environnement et à leur mode de vie. |
Selon Marina Davila-Ross, biologiste du comportement et spécialiste du Rire chez les chimpanzés, le Rire serait une capacité acquise par un ancêtre commun à l’Homme et aux grands singes au cours de l’évolution. Ceux-ci partageraient donc cette même caractéristique de proférer le Rire. Davila-Ross a ainsi mené des expériences durant une dizaine d’années sur différents sujets avec l’aide de la zoologue et professeure à Hanovre Elke Zimmermann et du docteur Michael J. Owren, afin de prouver que sa théorie pouvait être prise au sérieux. Ces expérimentations consistaient à provoquer un rire chez de jeunes primates (des orangs outans, des gorilles, des chimpanzés, des bonobos, un siamang et des humains) par des chatouilles et à enregistrer les différentes vocalisations émises. |
Portrait de Marina Davila-Ross
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Les scientifiques ont ainsi pu établir une base de données regroupant leurs observations quant aux variations du rythme respiratoire, à l’amplitude du rire provoqué, à la fréquence des vocalisations et à leur motif chez les espèces étudiées. Toutes ces données acoustiques ont ensuite été comparées entre elles, ce qui a soulevé des différences comme des points communs entre les différentes espèces. Après les avoir soumises à des analyses liées à la classification des différents caractères spécifiques, les scientifiques ont cherché à reconstruire des arbres phylogénétiques, pour tenter de retrouver l’origine du Rire dans l’évolution, ainsi que la date approximative de son apparition.
Arbre phylogénétique réalisé par Davila-Ross et ses collaborateurs
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Dans leur organisation, ces arbres se sont révélés équivalents à ceux réalisés précédemment lors d’études génétiques plus poussées, visant à comparer le génotype humain et celui des grands singes. Cela a mené les chercheurs à conclure que la classification était cohérente, et que le Rire provoqué par des chatouilles était donc un phénomène inter-espèces, par conséquent présent chez l’ensemble des grands singes : cette capacité à rire n’est alors pas exclusivement humaine.
Les différences observées quant au Rire de l’Homme et du singe se trouvent principalement dans le flux respiratoire. En effet, l’Homme va émettre une série de "hahaha" très rapide et courte, au cours de laquelle il expire bruyamment mais inspire de manière négligeable. Cependant, le Rire de l’orang-outan (l’un des primates les plus éloignés de l’Homme) va, lui, être caractérisé par un enchaînement de flux d’air entrant et sortant (inspiration et expiration), tous deux très accentués et très longs.
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On suppose que l’ancêtre commun aux primates possédait un rire plus similaire à celui de l’orang-outan qu’à celui de l’Homme.
Les observations du Rire du siamang, auquel on attribue l’ancêtre commun avec l’Homme le plus éloigné (de plus de 18 millions d’années), montrent quant à elles une forme de vocalisations plus primitive. Ceci a amené les scientifiques à penser que, chez cette espèce, la vocalisation que l'on pourrait rapprocher d'un "rire" ne peut pas être considéré comme un rire franc à proprement parler. |
Les points communs entre le Rire humain et celui des autres primates portent principalement sur la fréquence et le motif des vocalisations, qui restent similaires chez l’ensemble des espèces (autres que le siamang).
On peut donc dater l’origine évolutionnaire du Rire à au moins 10 à 16 millions d’années. Mais les scientifiques se demandent encore pourquoi certaines mutations liées au Rire ont persisté. En somme, ils s'interrogent encore sur quels auront été les facteurs environnementaux ayant influencé l’évolution du Rire chez certaines espèces, et quelles fonctionnalités on a pu trouver à ces capacités acoustiques particulières.
Cependant, des expériences menées depuis la fin des années 90 par Jaak Panksepp (psychologue, neurologue et professeur aux universités de Washington et de Bowling Green) et Jeffrey Burgdorf (l’un de ses étudiants) ramèneraient l’apparition du Rire à un ancêtre commun encore plus ancien.
En effet, c’est en chatouillant des rats qu’ils se sont aperçu que ces animaux riaient également, exposés à ce stimulus. Les rats émettent ainsi des ultrasons d’une fréquence de 50 kHz lorsqu’on les chatouille, et ils font de même lorsqu’une personne à laquelle ils sont habitués joue avec eux.
Ces vocalisations ne se trouvant pas dans le domaine de l’audibilité humaine, car étant d’une fréquence supérieure à 20 000 Hz, elles ne sont détectables qu’à l’aide d’un matériel adéquat. Cependant, on les associe facilement au Rire de l'Homme car ces vocalisations restent des réactions au stimulus des chatouilles.
Cette découverte, si on l’inclut encore une fois dans la théorie de l’évolution de Darwin, laisserait alors supposer une origine du Rire encore plus ancienne, puisque l’ancêtre commun aux rongeurs et aux primates est daté à environ 87 millions d’années.
Cette découverte, si on l’inclut encore une fois dans la théorie de l’évolution de Darwin, laisserait alors supposer une origine du Rire encore plus ancienne, puisque l’ancêtre commun aux rongeurs et aux primates est daté à environ 87 millions d’années.